Après le Musée de l’Orangerie qui abritait en 2013 l’exposition “Frida Kahlo- Diego Rivera, l’art en fusion” (voir autre article), c’est au tour du majestueux Grand Palais d’offrir une vue d’ensemble panoramique sur le Mexique du XXe siècle: son art, son histoire et son identité culturelle.
Le pari est réussi car bien que l’on retrouve un écho à la précédente exposition de l’Orangerie avec l’art du couple mythique Kahlo-Rivera, on y découvre également tout un pan des avant-gardes artistiques à cette époque entre le Mexique et la France.
D’autres noms, visages, dessins, sculptures, etc. qui retranscrivent l’ambiance de cette période intensément riche tant sur le plan artistique que politique et social.
Si on joue sur les mots, on peut dire qu’à l’image du détail qui constitue l’affiche de l’expo, il s’agit d’une véritable fresque d’histoire de l’art entre le Vieux continent et le nouveau Monde, ici le Mexique.
La scénographie
assez classique permet d’embrasser tous les médiums artistiques:
dessins, peintures, sculptures, photographies et cinéma. Et c’est alors
qu’on entre dans l’univers d’abord très parisien de cette avant-garde
artistique mexicaine qui a, à sa tête, le peintre colossal Diego Rivera.
En effet, le début de l’exposition montre bien l’Europe et Paris
plus précisément comme lieu de passage incontournable pour tout artiste
de l’époque. Paris qui chante, Paris qui danse, joue et rie à l’aube de
la Première guerre mondiale, comme le montre par exemple le tableau de
Gabriel Fernandez Ledesma, La Pasarela (La Passerelle) où l’on ne voit que les jambes des danseuses de cabaret qui se trémoussent sous les yeux quelque peu vicieux des spectateurs…
On parvient à s’imprégner du contexte en croisant les différentes œuvres qui dans une progression logique, s’acheminent vers la Révolution Mexicaine et ses conséquences.
Zapata et sa horde de soldats à grands chapeaux et moustaches hantent aussi bien les tableaux (en particulier: Paysage zapatiste de Diego Rivera que nombre de peintures de José Clemente Orozco ou encore les sculptures notamment le Duelo por Zapata (Deuil pour Zapata), (petit groupe statuaire) de Francisco Arturo Marin.
Avec le parti-pris de tous ces artistes et leur talent qui va sans dire, cette expo est aussi à voir comme un témoignage de la douleur et de la misère ultra violentes du peuple Mexicain. Une toile comme Madre proletaria (Mère prolétaire) de David Alfaro Siqueiros est tout à fait éloquente par rapport à cette thématique: une femme entourée de ses enfants contemple le cadavre de l’un d’eux, encore nourrisson, les yeux creux de désespoir, vides et noirs, béants comme sa douleur qui ne cessera jamais…
Parallèlement à cela et c’est ce qui crée toute la richesse justement de ce Mexique des années 1900 à 1950, les couleurs chatoyantes, les motifs pré-hispaniques, les calaveras (crânes), fleurs et fruits exotiques composent en filigrane le véritable drapeau du pays: métissé, d’origine divine, rendant au ciel et à la terre son sacrifice primordial de sang et de maïs, de fêtes et de veillées funèbres, de gloire et de misère ouvrière- d’où la révolution qui scelle l’identité du Mexique, rebelle par nature.
Accueillante et cynique, festive et macabre, aussi créative que destructrice, comme l’était d’ailleurs la relation des plus grands ambassadeurs artistiques du Mexique Diego et Frida-Rivera et Kahlo- l’exposition vous invite à vous frayer un chemin entre les cactus et les agaves, semé d’embûches mais dont le parfum folklorique nous entraîne irrésistiblement!
Viva Mexico! Maintenant plus que jamais…
ARTICLE ÉCRIT EN NOVEMBRE 2016