Mercedes Salazar, des bijoux uniques et magiques venant d’Amérique (Colombie)

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Des volants de Johanna Ortiz aux grandes boucles d’oreilles à motif de Mercedes Salazar, il n’y a qu’un pas et un pays: la Colombie… Aussi inspirantes que fascinantes, ces deux créatrices se répondent en écho pour rendre hommage à leur terre, qui recèle de secrets et de trésors. Si l’une s’est attelée au prêt-à-porter (Johanna Ortiz), Mercedes Salazar s’est lancée quant à elle dans la création de bijoux et d’accessoires de haute fantaisie. C’est après des études à l’Institut National des Beaux-Arts de México que la créatrice colombienne crée sa marque “Mercedes Salazar Joyería ” en 2001, travaillant principalement des matériaux recyclés.

En 2007, elle ajoute une nouvelle dimension à son travail en incorporant des techniques d’artisanat élaborées issues de groupes ethniques répartis dans toute la Colombie, pour n’en citer que quelques-uns:

  • El tejido en crochet de la Comunidad Wayúu del territorio de la Guajira
  • El tejido de paja de los artesanos Zenúes de Córdoba
  • El tejido de palma de iraca de los artesanos de Nariño
  • Los tejidos de la Comunidad Kamentsa del Putumayo
  • El tejido en palma de werregue de las comunidades Wounaan Nonam, afectadas por el desplazamiento en el Chocó.
  • Los tejidos de las mujeres guambianas de Silvia, Cauca.

Mercedes Salazar se fait également connaître en participant à de grands événements du monde de la Mode, notamment le salon Bijorhca à Paris (auquel Olyanna et moi avons déjà pu nous rendre il y a quelques années) ainsi que Accessorie Circuit à New York.

En scrutant d’un peu plus près le portrait de cette femme à l’incroyable talent et à la créativité inépuisable, nous avons découvert son engagement en tant que citoyenne dans un projet atypique, le projet “Peligro” (danger en espagnol) visant à redonner du travail aux prisonniers des centres de détention colombiens (tels que les prisons del Buen Pastor et La Picota, à Bogotá). Plus que les remettre au travail, c’est redonner du sens à une vie caractérisée par la privation totale de liberté par le biais (quasi magique) de l’artisanat. Le nom même de ce projet “Peligro” vient des rubans adhésifs utilisés pour démarquer les espaces à l’intérieur de la prison sur lesquels le mot est répété inlassablement, comme pour maintenir un état d’alerte constant… La démarche repose donc sur la subversion de cette “matière première” et transformer ainsi le message d’hostilité en repos de l’âme et en liberté mentale gagnée à la force du travail. Les prisonniers ont ainsi pu réaliser des objets divers tels que des corbeilles et paniers, des accessoires de toute sorte. La vidéo ci-dessous montre très bien son engagement que nous avons voulu mettre en lumière à l’heure de la pandémie mondiale que nous traversons et où le mot liberté résonne plus que jamais en nous:

A travers quelques unes de ses collections, las Sirenas Incaicas attirent votre attention.

Là aussi, un soin est apporté au nom choisi pour chacune de ses collections, reflétant une véritable recherche esthétique et un univers propre qui s’en dégage. Un soin mais un sens également, ce qui rajoute à la maîtrise exceptionnelle d’un artisanat de haute qualité, un style unique et une poésie qui rend vivant n’importe quel matériau…

Mi Bosque encantado

Voilà une passerelle qui nous mène du prêt-à-porter selon Johanna Ortiz aux bijoux de Mercedes Salazar. C’est un véritable jardin exotique qui se meut en boucles d’oreilles, colliers, bracelets. A noter tout de même, une nette prédominance chez Mercedes Salazar pour les boucles d’oreilles: ce qui nous fait un point commun car si nous chérissons infiniment nos bagues, colliers, pendentifs (d’Esty Grossman en particulier), les boucles d’oreilles sont les bijoux que nous préférons porter et il nous est même impensable de sortir sans! La maxi boucle d’oreille fait écho aux maxi robes de J.Ortiz mais plus encore, pour en revenir au bijou : à ses origines préhispaniques. Avant la Conquête, dans les civilisations andines (et méso-américaines d’ailleurs), la boucle d’oreille ou plus exactement l’ornement d’oreille était la marque de la richesse, de la puissance de l’élite politique et sociale et il fut d’abord réservé aux hommes avant de s’élargir aux femmes tenant une place importante.

Cette collection peut être appréhendée comme un hommage à la Terre-Mère, à la luxuriance de la nature, ses fleurs, ses fruits et des matières comme l’osier, le raphia qui apportent cette touche rustique qui fait tout le charme de ses éléments si simples et indispensables…

De plus, les boucles d’oreilles (surtout quand elles sont grandes) structurent le visage, l’encadrent et l’équilibrent si la paire correspond à la morphologie mais plus encore à l’état d’esprit de celle qui les porte.

Vuelo Chamánico

Cette collection reprend directement les motifs préhispaniques déjà présents dans les bijoux traditionnels colombiens, la plupart du temps en or mat… On y trouve des divinités portant le tumi (couteau sacrificiel des anciennes civilisations sud-américaines), des animaux stylisés à la gueule féline ou aux airs de rapace. Toute une cosmogonie évoquée également avec les motifs d’étoiles, de lunes et de soleils pour raconter à sa manière la spiritualité de ses ancêtres. Mercedes Salazar revendique aussi ce lien vernaculaire précisément pour que sa marque soit emprunte de l’identité indigène. La manière dont ces différentes collections sont présentées nous séduit particulièrement car tout y fait sens, dans une harmonie de couleurs, de dessins esquissés et un d’un maquillage rituel où la femme semble être cette sirène incaïque…

La Isla

Dans cette collection aux accents aquatiques, la femme est cette sirène, si chère à nos cœurs! Si chez Esty (voir notre articlehttp://sirenas-incaicas.fr/index.php/2020/01/04/lodyssee-du-bijou-selon-esty-grossman/), les métaux se font précieux (argent et or), chez Salazar, ce sont des matières à l’allure naturelle qui sont privilégiées, comme le raphia ou la laine. C’est tout un bestiaire qu’elle nous offre, toujours en format maxi, des étoiles de mer perlées aux hippocampes colorés, en passant par toute sorte de homards et autres écrevisses orangées… Un univers de coquillages et crustacés où élégance et fantaisie fusionnent.

México lindo

https://co.mercedessalazar.com/colecciones/mexico-lindo

Nous vous invitons chaleureusement à découvrir la vidéo ci-dessus qui présente cette toute nouvelle collection et quand la Colombie s’intéresse au Mexique ou plutôt quand Mercedes Salazar part en quête de Mexicanité, il y a de quoi être ébloui…

Là, c’est une palette créée à partir des marchés folkloriques, des fleurs abondantes, des cactus piquants et des alebrijes multicolores (créatures animales surnaturelles dans l’imaginaire mexicain). Une collection qui réunit les entrailles d’une Amérique latine unie et hétérogène et qui nous emmène vers notre future destination de voyage… A ce propos, comment ne pas penser à l’emblématique Frida Kahlo qui avait besoin de se parer pour exister. Redécouvrez-là à travers nos différents articles de l’Expothèque et également à travers le portrait de Miss Pandora en terre Yucatan!

La artesanía como arte, el viaje como descubrimiento, la espiritualidad como ruta. Colombia como punto de partida.” Mercedes Salazar


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