#1 Lima tell you about this color

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Commençons ce voyage qui a été initiatique pour nous par Lima.

Rose : on peut vous parler de ce que cette couleur nous évoque quand on repense à tous nos souvenirs là-bas. Rose comme Santa Rosa de Lima, sainte patronne de la ville connue pour sa dévotion sans faille à la religion catholique et aussi d’après la légende, pour son visage en forme de rose. On la retrouve un peu partout au gré de nos pérégrinations, on vous emmène?


Lors de notre tout premier voyage au Pérou, les micros circulaient encore largement dans Lima, ce n’est plus vraiment le cas actuellement; ils ont plutôt été remplacés par des bus tels que nous les connaissons ici, en Europe.
Le trajet en micro et tous ceux qui ont suivi sont mémorables et pour cause ! Le « micro » portait bien son nom en raison de sa petite taille où les gens y faisaient des trajets de tous types, du très court au très long. Les micros dataient de Mathusalem pour la plupart et roulaient avec fureur dans les rues de la capitale, se lançant même dans des courses de vitesse effrénées, il n’y avait qu’à bien s’accrocher… mais à quoi ?! Tout y était de travers et bien vétuste mais les roues roulaient, le carburant carburait, il n’en fallait pas plus.  Ce rythme- car c’était un véritable rythme dont il s’agissait- était toujours accompagné de musique latine bien sûr ; que ce soit la radio, un CD ou encore des musiciens de fortune montés à la va-vite en marche, parfois des enfants ou des adolescents en mal de vivre… Les mélodies donnaient au micro toute sa beauté déglinguée, sa réalité presque tragique au fil des différents quartiers pittoresques, parfois bien malgré eux ! On ressentait alors l’âme du voyage, du quotidien réinventé nous qui avons plus l’habitude des transports aseptisés d’Ile-de-France, encore que…
Les gens du micro étaient plutôt taciturnes mais pas hostiles. Quand il y avait beaucoup d’effervescence on pouvait se retrouver sur les genoux du conducteur ou presque!

Notons l’allure incroyable des micros ! Avec une carrosserie colorée mais souvent décrépie, des icônes de la Vierge et du Christ ou encore de Santa Rosa, les micros ressemblaient à des jouets abandonnés, des passerelles entre tradition et modernité déjà dépassée. Les micro constituaient encore durant ce voyage l’identité chaotique du trafic routier liménien, sa poésie de rue, son joyeux bordel parmi les pots d’échappements et les klaxons (interdits bien sûr !), ils défilaient et il y en avait toujours un à prendre, à rater ou à récupérer. Les trajets étaient ponctués de dialogues, de directions indiquées par les « contrôleurs », ou plutôt des braves personnes qui passaient leur temps à suivre le micro et sa vitesse folle, à monter en marche et à contrôler les tickets dans toutes les situations. « Óvalo Miraflores », « Paseo Colón », « Toda Arequipa » sont quelques bribes retenues de nos principaux repères à Lima. “Un sol el pasaje”, “un sol” la glace vendue à bord des micro par les agents de D’Onofrio, t-shirt jaune et marque en bleue, casquette, et glacière, rivaux des vendeurs de marcianos, ces « Mister Freez » locaux.

Le trajet en micro fut une expérience pleine de vie, où la mort nous a frôlé à chaque instant avec un sourire à la fois bienveillant et cynique!

Les paroles des chansons deviennent familières et ne nous quittent plus. Aussi, les gens deviennent des figures marquées dans le paysage, dans nos têtes, avec leurs costumes pour le travail, leurs débardeurs et marcels, tatouages torturés, bijoux fantaisie et autres… On ressent toujours la vibration du micro, comme un voyage dans le voyage, au plus près de la découverte de ce pays.
Rose de Santa Rosa, de la tenue de la petite chanteuse d’Abancay avec son costume traditionnel dont on se souvient encore, rose comme l’étaient quelques fois les couchers de soleil sur les plages de Aguas Dulces, Chorillos, Barranco…

Rose des roses vendues à tort et à travers pour la Saint-Valentin, si populaire, rose de la fantaisie qui est partout dans cette ville, réputée “grise”, “comme le ventre d’une baleine morte” comme l’écrivait l’auteur Alfredo Bryce Echenique… D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le rose se marie si bien au gris! Malgré sa tristesse, Lima de Los Reyes nous a laissé lors de notre petite vie là-bas, une nuance aussi douce que mélancolique, emprunte de ce rose andin si typique dont nous vous reparlerons!


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